vendredi 10 février 2017

Le Rimbaud de l'Art nouveau bruxellois:

Le Rimbaud de l'Art nouveau bruxellois
Une véritable énigme

On ne sait pratiquement rien de lui sinon les années  de sa naissance et de sa mort 1879 -1949.
Si nous avons choisi ce titre "Le Rimbaud de l'Art nouveau" c'est que sa carrière fut presqu'aussi fulgurante que celle  de l'auteur du Bateau ivre.
Armand Van Waesberghe a 16 ou 17 ans quand il construit sa première maison,  deux années seulement  après que Victor Horta ait lancé la révolution de l'Art nouveau. Et il  s'éclipse en 1902, à 23 ans, à l'âge ou la plupart des  architectes entrent seulement dans le métier. 
Durant cette courte période il a construit une dizaine de maisons qui ont attiré l'attention sur son oeuvre. La revue L'Art décoratif, créée par Henry Van de Velde en 1898  publiera plusieurs photos de ses maisons tout  comme la revue anglaise The Artist
Première couverture de La Gerbe
destinée par A. Van Waesberghe
Armand Van Waesberghe  participe aussi au lancement de la très éphémère revue bruxelloise  La Gerbe, revue d'art décoratif et de littérature (1898-1899) dont il dessine la première couverture. 

Et puis??? 

C'est tout ce que l'on sait.

Le talent d'Armand Van Waesberghe a donc frappé ses contemporains... Mais pose de nombreuses questions restées sans réponse.  Son style poétique le place incontestablement  dans le courant moderniste initié par Horta. Mais comment a-t-il pu être marqué si jeune et à ce point par les premiers signes de ce qui deviendra rapidement une véritable révolution culturelle? 

Mystère

Et comment, ce si jeune homme, apparemment sans  la moindre formation,  a-t-il pu entreprendre en un temps record la construction d'une dizaine de maisons?  
Enfin,  pourquoi s'est-il  arrêté en pleine gloire?  C'est l'ultime mystère qui reste à élucider.  

Reproduction de la carte de visite
d'A. Van Waesberghe
Telle que publiée dans La Gerbe 
En attendant, voici pour votre plaisir,  quelques une des maisons construites par Armand Van Waesberghe. Elles se trouvent principalement dans deux quartiers spécifique du nouveau Bruxelles en train de jaillir de terre.
Premier quartier:  à Saint-Gilles, où il avait son bureau d'architecte, comme en témoigne sa carte de visite. Mais, et c'est peut-être un indice,  l'adresse est fictive,  le 99 rue d'Irlande n'a jamais existé car dès 1894 on construisait à cet endroit - et dans un style résolument gothique,  l'école catholique Saint Jean Baptiste de la Salle. Alors la question se pose A. Van Waesberghe 
a-t-il servi de masque à une autre architecte qui ne voulait pas se découvrir? 

A. Van Waesberghe
52 rue d'Irlande, un style néogothique très personnel (1899)
Toujours est-il qu'en 1899   Armand Van Waesberghe a tout juste vingt ans et qu'il construit au 52 rue d'Irlande,  pour ses soeurs dit-on (ou pour lui-même, selon les sources), une maison de style Art nouveau  où il revisite complètement, de façon fort originale et même franchement impertinente,  le style "néogothique" toujours très en vogue dans les milieux catholiques,  comme en témoignera l'Ecole d'architecture Saint-Luc qui s'installera juste en face


Armand Van Waesberghe
20 rue Ducpétiaux
Armand Van Waesberghe
18 rue Ducpétaux


Avant cette oeuvre, non loin de là,  aux 
18 et 20 rue Ducpétiaux, le jeune Armand construit en 1898 deux modestes maisons jumelles elle aussi  d'inspiration néogothique (et peut-être une troisième - le n°24 - qui correspond manifestement à son état d'esprit. Il a 19 ans. 

Autre question : est-ce un hasard mais presque toutes les autres maisons d'Armand Van Waesberghe ont été édifiées non loin de quelques  chefs d'oeuvre de Victor Horta, dans le quartier Louise (voir la promenade n°10) ou (voir la promenade n°9 ) dans le nouveau quartier des squares créé par la volonté du roi  Léopold II (squares Gutenberg, Marie-Louise, Ambiorix et les avenues qui vont avec). 
Et d'abord, tir groupé de trois maisons sur le square Gutenberg. C'est ici, au n°19,  que l'on trouve la première oeuvre d' Armand Van Waesberghe. Elle est datée de 1896, le petit génie a tout juste 17 ans. Gutenberg. C'est ici, au n°19,  que l'on trouve la première oeuvre d' Armand Van Waesberghe. Elle est datée de 1896, le petit génie a tout juste 17 ans
Armand Van Waesberghe. 19 square Gutenberg  (1896)


L'encadrement en pierre bleue sculptée de façon innovante et la composition des boiseries de la porte d'entrée sont d'une originalité qui a dû stupéfié tous ses contemporains. Et ne l'oublions pas, c'est un tout nouveau quartier qui sort de terre ici.

Les deux autres maisons du square Gutenberg ne sont pas moins étonnantes et démontrent  l'affolante  inventivité du jeune architecte dans un monde  totalement tributaire du style Renaissance flamande, du néogothique  ou du classicisme français.  

Armand Van Waesberghe
8 square Gutenberg (1898)
Armand Van Waesberghe
5 square Gutenberg (1898)



A voir cet ensemble c'est donc à un véritable festival d'Art nouveau  que les Bruxellois 
de la fin du XIXème  siècle sont invités sur ce square Gutenberg.
Et ils ont manifestement apprécié car dans les années qui ont suivi ils ont demandé et redemandé des créations aussi originales.
Avec une conséquence stupéfiante encore aujourd'hui : malgré les destructions massives qui ont suivi et le rejet de l'Art nouveau pendant plus de 60 ans nous décomptons encore plus de 500 maisons de ce style à Bruxelles.


Armand Van Waesberghe -
55 rue Philppe Le Bon (1902)
Et, parmi celles-ci, la dernière oeuvre d'Armand Van Waesberghe construite juste à côté du Square Gutenberg, rue Philippe Le Bon. C'est une variante subtile  du 8 square Gutenberg mais ici une  vague de pierre bleue enveloppe les baies du sous-sol du premier étage et de la porte d'entrée...une mise en scène unique déjà imaginée au 52 rue d'Irlande et au 50 avenue de la Brabançonne.
Après ce coup de maître, Armand Van Waesberghe dépose définitivement crayons, équerres et compas et quitte  le monde de l'architecture. Sans un mot  d'explication.


A. Van Waesberghe
Porte d'entrée du 50 avenue de la Brabançonne
(1898)



Postscriptum : On compte encore trois autre maisons d'Armand Van Waesberghe, deux  au 50 et 76 avenue de la Brabançonne (avenue qui donne sur les squares) et une au 85 de la rue Faider. Toutes trois se trouvent a proximité de chefs d'oeuvre construits par Victor Horta.  


Superbe sgraffite du 50 avenue de la Brabançonne 
 Malgré nos recherches, il ne nous a pas toujours été possible de déterminer la date du décès des architectes ou des artistes ayant réalisé une oeuvre montrée dans cet article ou de contacter leurs ayants droit. Toute précision ou information  sera immédiatement prise en compte. Sans autorisation, le ou les documents photographiques concernés seront immédiatement retirés. Toutes les photos de ce blog sont de l'auteur 

mercredi 1 février 2017

De la destruction de Bruxelles (1695) à la naissance de l'Art nouveau (1894)

       Une ville détruite pour rien. 
          Caprices du roi Soleil 

Entre le 13 août et le 16 août 1695, sur ordre et pour le seul bon plaisir  du Roi (Soleil), le Maréchal de Villeroi bombarde Bruxelles pendant deux longues journées. Seul objectif : semer la terreur parmi la population. Louis XIV précurseur de Assad, d'Al Quaida et de Daesh? En quelque sorte... oui.

Bombarder une ville comme Bruxelles n'était pas une mince affaire. Matériel nécessaire : 12 canons, 25 mortiers, 4 000 boulets, 5 000 bombes incendiaires, de grandes quantités de poudre, balles de plomb, grenades et mèches, et 900 chariots pour transporter tout cela. Il faut y ajouter encore le charroi transportant vivres et matériels pour une armée de près de 70 000 hommes. L’armée et le convoi,1500 chariots, rassemblés à Mons, quitta la ville le 7 août en direction de Bruxelles.

Mais dès la fin de du bombardement, Augustin Coppens,  un artiste bruxellois,  joue sans le savoir (le métiers n'existait pas encore)  le journaliste et même le reporter de guerre.Ses dessins et ses peintures furent ensuite gravés et c'est grâce à ces eaux-fortes que nous pouvons encore mesurer aujourd'hui l'étendue du désastre et regretter la beauté disparue la  cité-martyre.
La ville nouvelle sera se reconstruite en un temps record et deux siècle plus tard c'est en son sein que naîtra l'Art Nouveau. Voici quelques éléments du  reportage d'Augustin Coppens.

A noter que dans le passage sous l'hôtel de ville, une oeuvre commune de Victor Horta et de Victor Rosseau  rend hommage aux architectes bruxellois qui ont reconstruit la ville
Vue des ruines de la rue derrière l'Hôtel de Ville montant vers l'égise Saint-Jean 

Vue des ruines de la rue des Longs-Chariots 

Vue des ruines de la tour du Miroir et des maisons des Orfèvres tombées
 le 2 novembre 1696 à 3 heures de l'après-midi

La fontaine des satyres  que l'on voit au centre de la gravure  est une oeuvre de Duquesnoy (le père de Mannekenpis). Elle se trouvait à peu près face à l'entrée des futures Galeries Saint-Hubert


Vue de la tour du Miroir dès la rue de la Magdaleine vers les trois Déesses
La rue de la Madeleine existe toujours.

Vue des ruines le long de la rue de la Bergestraet et de la chapelle Ste Anne
(Au fond la cathédrale Saint Michel)
Hommage rendu à la fin du XIXème siècle aux maîtres-architectes 
qui ont reconstruit la ville  par 
par deux maîtres de l'Art nouveau
 Victor  Rousseau et Victor Horta


La Grand'Place de Bruxelles reconstruite en quelques années (1696/1700)
et dont la rénovations est terminée depuis quelques mois. 

Vue en profil de la maison de l'Arc sur le grand Marché

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